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Photo du rédacteurGaëlle Bouillet

Comment vivre sereinement avec ses émotions ? #2

Dernière mise à jour : 26 juin 2021


Dans ce deuxième volet, nous verrons que vivre sereinement avec ses émotions c'est comprendre leur fonction et pourquoi il est inutile, voire dangereux de nier leur existence.

Gérer ses émotions Gaëlle Bouillet Coaching Peur

Illustration par Fannys


A quoi servent les émotions ?


Les émotions au service de notre survie

Comme nous l’avons vu dans le premier article de la série, une émotion c’est une énergie qui créé du mouvement, une réaction vis-à-vis d’un évènement extérieur et notamment qui nous permet de passer à l'action.


Plutchik, via sa fameuse roue que vous connaissez maintenant, explique que les émotions fondamentales ont chacune une fonction liée à notre survie :

  • la peur : fonction de protection, information d’une menace

  • la colère : fonction de destruction, nécessité de se défendre

  • la joie : fonction de reproduction et de libération des peurs

  • la tristesse : fonction de réintégration, de repos nécessaire

  • la confiance : fonction d’incorporation, de s’entourer d’un groupe

  • le dégoût : fonction de rejet, de fermeture, nous permet de préserver notre intégrité face à des actes immoraux

  • l’anticipation : fonction d’exploration

  • la surprise : fonction d’orientation, nous permet d’être attentif et de prendre le maximum d’informations pour s’adapter à l’environnement

Ainsi, nous ne devrions logiquement par dire d’une émotion qu’elle est « positive » ou « négative » (elle est toujours positive car elles nous donne une information) mais plutôt « agréable » ou « désagréable ».


Des états de l'âme

Le plus juste est de considérer les émotions pour ce qu’elles sont, c’est-à-dire des états d'âme, pris au sens littéral et non péjoratif. Les émotions sont en effet des indications, des informations sur l’état de notre âme et sur notre capacité à réagir face à notre environnement.


"Tel un baromètre, elles sont capables d'annoncer le soleil comme la tempête. Il est incontournable de s'y intéresser parce qu’elles sont vitales (sans les émotions le sens de la vie ne se révélerait pas) et qu’elles nous gouvernent même si chacun aspire à être rationnel." (Former avec le Funny Learning)

On parle d'ailleurs parfois de météo intérieure, ce qui est un moyen d'ailleurs très simple pour sensibiliser les enfants à l'observation et l'expression de leurs émotions.

Gérer ses émotions Gaëlle Bouillet Coaching Météo intérieure

Pourquoi il ne sert à rien de nier nos émotions ?


En les reconnaissant, je leur donne la place d'exister et de s'évacuer

Lorsqu’on nie une émotion et/ou qu’on ne lui laisse pas l’espace de s’exprimer (parce qu’on trouve que ce n’est pas convenable ou parce qu’elle n’est pas acceptée par notre entourage), elle vient s’accumuler avec toutes les autres émotions refoulées.


Au fur et à mesure, les émotions accumulées viennent perturber le fonctionnement normal de notre cerveau et elles vont venir totalement court-circuiter la prise de décision : ce sont elles qui vont commencent à guider le cerveau, en pilote automatique, c’est le fameux « pétage de plomb ».


Pour citer un exemple très concret, c’est notamment le fait de nier ses émotions qui peut conduire aux situations de burn-out, parce qu’on ne prête pas attention aux signaux physiques de fatigue, de stress continu. Ce sont les personnes les plus engagées dans leur travail apparaissant extérieurement comme les plus résistantes à la pression qui sont en réalité les plus touchées par le burn-out, parce qu’elles ne s’autorisent pas à exprimer leurs émotions jusqu'au moment où tout implose.


Accepter de reconnaître et d’exprimer ses émotions, c’est donner à notre corps un sas de décompression et la possibilité de sortir les émotions, plutôt que de les laisser s’accumuler jusqu’au moment ou ELLES choisiront de sortir telle « la goutte d’eau qui fait déborder le vase ».


Est-il possible que je ne ressente rien ?


Emotions et construction sociale


Dans notre société occidentale actuelle, les émotions n’ont traditionnellement pas bonne presse : pour beaucoup, montrer ses émotions c’est prendre le risque d’être attaqué et surtout c’est être irrationnel dans un monde bien orienté par le « je pense donc je suis » de Descartes. On entend qu’il ne faut pas montrer ses émotions au travail, que ce n’est pas professionnel...

Gérer ses émotions Gaëlle Bouillet Coaching Denied

En plus de ce constat, viennent s’ajouter des considérations de genre. L’expression de certaines émotions va être socialement plus acceptée venant d’un genre ou d’un autre.

La colère va par exemple être socialement plus acceptée venant d’un homme car notre culture l’associe à une prétendue virilité et à la force « il est déterminé », « il ne se laisse pas marcher sur les pieds ». Lorsqu'elle est exprimée par une femme, les remarques vont plutôt souligner « elle ne sait pas garder ses nerfs », « elle se laisse submerger par ses émotions ».


A l'inverse, la tristesse est vue comme une marque de fragilité, donc socialement acceptée pour les femmes mais pas pour les hommes : à ce sujet, je vous recommande l’écoute de l’excellent épisode « Des hommes et des larmes » du podcast Emotions avec notamment un éclairage très intéressant sur l’acceptation sociale des larmes des sportifs professionnels par rapport aux hommes en général.


Si vous avez l’impression de ne rien ressentir, il est possible que vous soyez bloqué de vos ressentis à cause des injonctions que vous avez entendu dans votre enfance – ou que vous entendez encore aujourd’hui dans vos sphères personnelles et professionnelles : « les garçons ne pleurent pas », « une femme doit être douce, elle ne doit pas crier », « un chef de famille ça doit être fort »



L’anhédonie et l’alexithymie

Au-delà de ces constructions sociales, il est possible de ne pas ressentir d’émotions, notamment dans le cas de troubles psychologiques, par exemple l’anhédonie qui est une incapacité à ressentir de la joie, dans les moments agréables. On parle d’anhédonie physique (absence de plaisir par les sens) ou sociale (absence de plaisir dans les relations sociales).


Un autre trouble psychologique est l’alexithymie, c’est-à-dire la difficulté à identifier et exprimer verbalement ses émotions et la difficulté à faire la différence entre sensation et émotion.


Ces troubles peuvent survenir après des évènements traumatiques (ce sont des formes de déni ou d’évitement) ou dans le cas de prise de certaines drogues.


En résumé, si vous vous sentez totalement coupé de vos émotions, il convient de s'interroger sur les raisons de cette absence de ressenti et d'envisager des actions pour y remédier.


Comment exprimer mes émotions ?


Les émotions et le non-verbal

Qu’on le veuille ou non, nos émotions vont avoir tendance à s’exprimer corporellement et notamment via nos gestes. C’est ce qu’on appelle le langage « non-verbal ».


Nous pouvons par exemple vouloir cacher notre stress mais celui-ci va s’exprimer nos mains qui s’entremêlent ou via nos bras croisés (mécanisme de protection). Notre colère va s’exprimer par nos poings serrés ou nos sourcils froncés…


Gérer ses émotions Gaëlle Bouillet Coaching Réflexion

Plus nous tentons de les cacher, plus celles-ci vont avoir tendance à se dissimuler dans nos micro-gestes, échappant ainsi malgré nous à notre contrôle. Certaines disciplines "théorisent" d’ailleurs la signification de ces micro-gestes, c’est le cas de la synergologie par exemple.



L’acceptation de mes émotions


Afin de pouvoir exprimer mes émotions, il convient déjà d’accepter fait d’avoir des émotions, c’est-à-dire de me reconnaître mon droit à ressentir de la tristesse, de l’humiliation, de la culpabilité… certaines personnes peuvent également avoir des difficultés à s’octroyer le droit de ressentir de la joie, de la satisfaction ou de la fierté car pour elles « il ne faut pas se reposer sur ses lauriers ».


Si ce n’est pas une chose facile ou que cela ne me parle pas, je peux commencer par écrire régulièrement ce que je ressens ou par identifier une personne de confiance pour lui exprimer.


 

Si vous souhaitez approfondir ce travail d’introspection, je vous invite à vous questionner sur les points suivants :

  • Quelles injonctions (sociales, familiales) ai-je intégré concernant les émotions

  • Dans quelles situations est-ce que je m’autorise à ressentir de la tristesse ? de la colère ? de la peur ? de la satisfaction ? de la gratitude ?...

  • Qu’est-ce qui m’empêche d’exprimer mes émotions ? Penser aux émotions désagréables ET agréables

  • Où / quand / avec qui est-ce que je me sens en sécurité pour les exprimer ?

Gérer ses émotions Gaëlle Bouillet Coaching Exercice

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