top of page

Comment gérer son éco-anxiété ?

L’éco-anxiété peut se résumer comme une anxiété environnementale, allant dans certains cas jusqu’à l’angoisse. Elle peut par exemple faire suite aux publications des rapport du GIEC, lecture d’ouvrages sur la collapsologie (théorie de l’effondrement, notamment par Pablo Servigne) ou encore résultats de négociations des COP en deçà des objectifs nécessaires…

Cette peur diffuse vis-à-vis du dérèglement climatique touche de plus en plus de jeunes mais pas que : si vous lisez cet article c’est peut-être que vous ressentez vous-même cette anxiété ou que vous souhaitez accompagner un proche concerné.


Gaëlle Bouillet Coaching Environnement Ecoanxiété Planet B

Qu’est-ce que l’éco-anxiété ?

Eco-anxiété ou solastalgie ?


La première définition de l’éco-anxiété a été donné en 1995 par Théodore Roszak, un psychologue américain : il s’agit des formes de souffrances psychologiques ressenties par anticipation d’un traumatisme lié au dérèglement climatique (épuisement des ressources ; extinction de certaines espèces ; effondrement de la biodiversité ; guerres…).


Si, en termes de ressenti, l’éco-anxiété est proche de sa grande sœur, la solastalgie, toutes deux diffèrent néanmoins sur un point majeur : la temporalité.


La solastalgie est une forme d’angoisse liée à un environnement qu’on a connu et qui s’est dégradé (voire a disparu), du fait du dérèglement climatique. Celle-ci a été mise en évidence par Glenn Albrecht, philosophe australien en 2005, qui a démontré une corrélation entre les régions les plus touchées par les changements environnementaux et l’augmentation des taux de suicide et de dépression.


La différence réside donc dans le fait que la solastalgie est une "détresse rétrospective" (selon les termes de Charline Schmerber), là où l’éco-anxiété est une "détresse prospective", par anticipation.


Quels sont les « symptômes » des éco-anxieux ?

Une étude du journal scientifique The Lancet Planetary Health mené sur 10 000 jeunes de 16 à 25 ans, a montré que :

  • ¾ des jeunes pensent que le futur est effrayant

  • Plus de 50% pense que l’humanité est condamnée

  • Plus de 50% estiment qu’ils auront moins d’opportunités que leurs parents ou encore que les choses qui ont de la valeur vont être détruite

Comme nous l’avons vu, l’éco-anxiété est donc une forme de peur par anticipation. Toutefois, elle peut conduire en réalité à mélange de sentiments : colère, tristesse, culpabilité, impuissance… Ces émotions vont conduire la personne éco-anxieuse à remettre en question son mode de vie : choix de consommation, vie professionnelle et dans certains cas le choix de ne pas avoir d’enfant (39% des jeunes selon la même étude de The Lancet).

Gaëlle Bouillet Environnement Eco-anxiété

Ces choix peuvent eux-mêmes conduire à des conflits avec l’entourage de ces personnes, renforçant ainsi le sentiment de mal-être et d’isolement. En effet, Pierre-Eric Sutter a mis en évidence 4 typologies de personne en fonction de leur réaction face aux données scientifiques liées au dérèglement climatique :

  • Les pessimiste-passif pour qui « à quoi bon, tout est foutu »

  • Les optimistes-passifs pour qui « la science va bien nous tirer de là »

  • Les pessimistes actifs : visent l’autonomie et à l’extrême peuvent adopter des comportements survivalistes

  • Les optimistes actifs : acceptent l’effondrement et choisissent de s’y préparer en participant à la création d’une alternative au système existant


Pourquoi devient-t-on éco-anxieux ?

Tout d’abord, il est important de signaler que l’éco-anxiété ne doit pas être considérée comme une pathologie. Elle est au contraire totalement rationnelle compte tenu des informations scientifiques disponibles.


Selon les personnes et leur sensibilité, plusieurs facteurs peuvent conduire à cette angoisse environnementale :

  • Selon Alice Desbiolle, l’éco-anxiété provient d’un sentiment de décalage entre ses valeurs profondes et aspiration et la société de consommation ou l’environnement dans lequel on vit, notamment un environnement urbain ou pollué. En effet, les personnes éco-anxieuses souffrent d’injonctions paradoxales avec d’une part « il faut changer, on ne peut pas continuer comme ça » et d’autre part une injonction constante à la consommation et à la croissance.

  • Décalage également vis-à-vis de l’entourage : l’éco-anxieux peut se sentir seul, isolé et incompris notamment concernant ses choix de vie (végétarisme, changement de travail…)

  • Forte empathie pour le monde qui nous entoure (animaux ou végétaux) et donc une tristesse face à sa destruction.

  • Incertitude vis-à-vis du futur qui peut apparaître hostile (peur de l’inconnu, peur de mourir…)

  • Forte présence des mauvaises nouvelles dans les actualités : catastrophes environnementales ; scandales alimentaires ; flux d’informations négatives sur les réseaux sociaux ; échec des négociations des COP…

Gaëlle Bouillet Coaching Environnement Ecoanxiété Incendies Catastrophes

Enfin, il faut également ajouter à cela le fait que la marge d’action individuelle (le contrôle perçu sur la situation) est très faible : en effet, un individu seul ne peut solutionner le problème du dérèglement climatique – ce qui va venir renforcer le sentiment d’impuissance et donc la souffrance liée.


Que vous soyez personnellement concerné ou non, il peut être très intéressant de s’intéresser à l’échelle de Paul Chefurka pour comprendre la survenue du sentiment d’éco-anxiété et voir où vous vous situez.


Que faire face à son éco-anxiété ?

Comme nous l’avons vu, l’éco-anxiété est polymorphe. Ainsi les solutions pour vivre plus sereinement face au dérèglement climatique sont variées.


Quelques pistes pour mieux vivre sa solastalgie

Voici en vrac quelques conseils pour apprendre à vivre avec (certaines sont inspirées du livre d’Alice Desbiolle) :

  • Se rappeler que l’éco-anxiété n’est pas une maladie afin d’éviter de rajouter le sentiment d’être « fou » ou « folle »

  • Passer à l’action en transformant ces émotions désagréables en énergie positive:

    • Mettre en place des actions concrètes : choisir de se déplacer en vélo ou marcher plutôt qu’en voiture ; faire pousser ses légumes ou acheter chez un producteur local/bio plutôt que dans un hypermarché ; limiter sa consommation de viande ; acheter ses vêtements en friperie ; opter pour un métier à impact positif…

    • Ce sont ces « petits pas » qui permettent de vivre une vie plus alignée et retrouver de la confiance en l’avenir en limitant le sentiment d’impuissance – vous trouverez plein d’idées d’action ici

  • Se concentrer dans le présent et ce de plusieurs manières : apprécier les petits bonheurs du quotidien, méditer pour vivre l’instant présent, passer du temps dans la nature et surtout accepter de mener des projets – sans se laisser happer par un futur incertain

  • Choisir ses combats et accepter de ne pas être le ou la parfait(e) écolo pour ne pas se rajouter un sentiment de culpabilité à une souffrance déjà existante

  • Lorsque l’anxiété monte, se ménager des temps hors réseaux sociaux ou informations pour ne pas se laisser submerger

  • S’entourer et se connecter à des personnes qui partagent les mêmes valeurs va permettre de vivre plus sereinement ces périodes d’angoisse : je vous conseille particulièrement des ateliers inspirés de la méthode du Travail qui relie ou même de rejoindre ce groupe Facebook.

  • Enfin dans le même ordre d’idée, il peut être aidant de ne pas s’obliger à relationner avec des personnes qui vont altérer notre estime de nous en dénigrant nos choix de vie. En retour, cela suppose également en retour d’accepter que notre entourage n’en soit pas au même stade de conscience écologique (même si c’est très difficile !)


Gaëlle Bouillet Coaching Environnement Ecoanxiété Famille

Comment aider une personne éco-anxieuse ?

J’entends beaucoup de personnes (notamment des parents) qui elles-mêmes ne se ressentent pas éco-anxieuses mais se sentent en revanche désemparées face au mal-être de leurs enfants ou entourage. Voici quelques pistes pour les accompagner :

  • Accueillir les émotions ressenties sans les dénigrer ou les repousser : éviter les "tu es trop extrême" ; "ne te mets pas dans des états pareils pour cela" ;"toute façon on ne peut rien y faire"

  • Accepter des choix de vie différents sans pour autant se sentir remis en cause dans ses propres choix : le fait qu’une personne fasse des choix de vie différents du modèle « classique » nous confronte au fait que nous ne faisons pas ces choix et peut, en effet miroir, susciter chez nous une forme de malaise : manger moins de viande, ne pas avoir d'enfant, ne plus vouloir prendre l'avion... Cela nous met face aux responsabilités que nous ne prenons pas et nous pouvons avoir tendance à attaquer l’autre, car, inconsciemment elle est coupable de nous faire ressentir cela

  • Questionner pour mieux comprendre ces choix de vie différents : en effet, nous pouvons nous sentir perdus car sans repères (que faire à manger pour un repas de fête végétarien ? ; quoi offrir pour la naissance d’un bébé avec des parents qui ne souhaitent pas de jouets en plastique ? …). Le meilleur moyen est donc de poser des questions aux personnes concernées afin de mieux cerner leurs besoins

  • Enfin, je vous conseille de ne pas pointer les incohérences ou imperfections ("ah c’est bien la peine de ne pas manger de viande si c’est pour prendre la voiture pour ce trajet"). Vouloir vivre une vie plus respectueuse de l’environnement ne signifie pas pour autant être parfait sur tous les points et pointer ces manquements peut participer à renforcer un sentiment de culpabilité chez les personnes éco-anxieuses


En quoi le coaching peut être utile pour mieux vivre l’éco-anxiété ?

Ces actions peuvent parfois être difficile à mettre en œuvre : peur de l’inconnu, peur du jugement, peur de se retrouver seul, ne pas savoir pas quoi commencer... il peut donc parfois être nécessaire de se faire accompagner, soit par un psychologue, soit par un coach.


Le coaching va vous permettre de mettre en place un plan d’action concret et de travailler sur vos difficultés :

  • Identifier ses valeurs et aspirations profonde afin de mettre en place des choix de vie cohérents

  • Passer à l’action par des petits pas

  • Communiquer différemment avec son entourage autour de ces questions

  • Vivre plus sereinement avec ses ressentis


Contactez-moi pour plus d’informations sur ce type d’accompagnement !


Ressources complémentaires

Alice Desbiolles : « L’éco-anxiété. Vivre sereinement dans un monde abîmé »


Podcast : "Nos émotions face aux mutations du monde"


Article : Tristes, effrayés, abandonnés... De nombreux jeunes en détresse face à la crise climatique


En enfin, une vidéo de Enjoy Phoenix :



290 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page